vendredi 21 février 2014

Quel bénéfice retirent l’enfant et l’adulte à “ partager ” un conte ?

Lecture

Qu’apporte la lecture de contes aux enfants ?

Poule_PlumetteMEA

Les parents peuvent avoir envie de préserver leur enfant des histoires et des contes qui font peur. Mais s’ils étaient plus structurants qu’effrayants ? Entretien avec Michel Develay, professeur émérite à l'Université Lyon II et fervent raconteur de contes à ses petits-enfants…

Quel bénéfice retirent l’enfant et l’adulte à “ partager ” un conte ?

Michel Develay : Pour cerner toute la portée du conte, il faut d'emblée distinguer son mode d'écriture de son contenu. Dans le conte, le schéma narratif introduit nécessairement un suspense. Ce qui, pour les enfants, est toujours intéressant.

Ce suspense, en général, se conclut de façon positive. Ces ingrédients, suspense et fin heureuse, sont les meilleurs pour tenir en haleine un enfant et, finalement, le rassurer.

À ce titre, peut-on parler de valeur pédagogique du conte ?

M. D. : Tout à fait. Le conte crée une relation de proximité bienveillante et attentive entre le (ra)conteur et celui qui l'écoute. Et quand bien même l'enfant traverse un schéma d'angoisse, il croise en cours de route un rêve, un idéal, qui l'enrichit.

Au fond, de quoi parle le conte ?

M. D. : De l'humain ! Les contes sont des histoires contrastées, dans lesquelles les personnages tiennent des rôles symboliques clairs. Grâce à ce trait de caractère, ils posent une éthique et pratiquent la morale… sans en faire ! En résumé, le conte est moral, sans être moraliste.

Cette morale, diffuse, est-ce ce qui distingue le conte de la fable ?

M. D. : La fable pose une morale conclusive distincte, ne relevant pas nécessairement de l'éthique. Ce que raconte le conte, c'est tout ce que l'on ne dit pas à un jeune enfant et qui, pourtant, occupe son inconscient : les fondamentaux de la nature humaine, à savoir l'inceste, la sexualité ou la castration

Le conte a donc aussi une valeur psychanalytique ?

M. D. : Pour conclure sur cet aspect, j'ai envie d'ajouter que le conte introduit le statut de l'enfant : en respectant son savoir sans brusquer ses connaissances, le conte inscrit l'enfant parmi les hommes.